Les professionnels des médias au Maroc travaillent dans un contexte de liberté théoriquement protégée par la Constitution et de contraintes réelles. La DW Akademie soutient les médias communautaires.
Dans la région, le Maroc se caractérise par une stabilité politique relativement importante et une société civile relativement forte. Le royaume est considéré comme un partenaire essentiel dans la politique étrangère allemande et européenne et comme un lien entre l'UE et les pays d'Afrique du Nord et d'Afrique dans son ensemble. En même temps, malgré les efforts de réforme, la situation des droits de l'homme reste préoccupante, notamment en ce qui concerne la liberté d'expression et la liberté de la presse. Ainsi, le Maroc occupe la 129e place sur 180 dans le classement 2024 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
Depuis 2011, un programme de réformes visant à renforcer la démocratie et l'État de droit a été lancé. Des efforts de décentralisation en font également partie, car il existe un écart de développement entre le triangle urbain Rabat-Casablanca-Marrakech et les autres régions. Cette disparité se traduit par un accès inégal à l'information locale.
Le marché marocain des médias se concentre également dans le centre économique. Dans les autres régions, le journalisme local professionnel fait généralement défaut. Les médias privés, pour la plupart des opérateurs de portails en ligne, sont dépendants des recettes publicitaires. Le client le plus important est l'Etat, qui peut imposer une couverture médiatique qui lui est favorable grâce à des attributions sélectives et non transparentes. Des lois restrictives limitent encore plus la liberté de la presse et d'opinion ; et le secteur des médias subit toujours les conséquences économiques des crises mondiales comme la pandémie du coronavirus et la guerre en Ukraine.
En conséquence, le dialogue social est restreint et les différents groupes de population se polarisent. Les thèmes qui affectent la population des zones rurales ne sont guère couverts par les médias. Ainsi, les groupes de population défavorisés au Maroc ont toujours du mal à obtenir des informations pertinentes et à faire entendre leur voix sur les sujets qui les concernent.
Dans ce contexte, les médias communautaires ont un rôle important à jouer. Ils sont liés à des organisations de la société civile et jouissent de leur protection politique. Ils sont tolérés par les autorités, bien qu'ils ne soient pas reconnus comme médias par la loi relative à la presse de 2016. Ancrés dans les différentes régions du pays, les médias communautaires veillent à ce que les faits pertinents au niveau local soient thématisés et publiés. Au Maroc, ils sont déjà qualifiés de « troisième secteur » du paysage médiatique ou de « médias de la société civile » - à côté des médias appartenant à l'Etat et de ceux qui sont détenus par des capitaux privés.
Les médias communautaires sont devenus, ces dernières années, un moteur de la liberté d'expression au Maroc. Ils introduisent les thèmes et les préoccupations des groupes de population vulnérables dans le discours public et agissent ainsi contre les « espaces restreints » d'origine sociale et politique. Ils contribuent au libre échange d'informations et au dialogue au sein de la société marocaine et contribuent à l'information sur des thèmes tels que la violence contre les femmes, la radicalisation ou les problèmes environnementaux.
La DW Akademie est active au Maroc depuis 2011. La DW Akademie soutient actuellement le réseau existant de médias communautaires et améliore ses conditions cadres, dans le cadre de son engagement 2020-2022.
Téléchargez ici le dernier rapport d'évaluation pour le Maroc.
En collaboration avec le promoteur du projet, le Forum des Alternatives Maroc (FMAS), une stratégie de plaidoyer est développée pour une meilleure reconnaissance des médias communautaires, afin qu'ils puissent mieux défendre leurs intérêts et s'établir comme partie intégrante du paysage médiatique marocain.
Le journalisme s'efforce d'informer et de dialoguer sur les problèmes des groupes vulnérables. Ainsi, la pertinence et la visibilité des médias communautaires dans la société marocaine augmentent et leur rôle dans l'introduction de thèmes sociopolitiques dans le discours national est encore étendu.
Afin de soutenir la décentralisation du secteur médiatique marocain, la DW Akademie et la FMAS lancent le modèle pilote d'un centre de compétence régional pour les médias communautaires, qui peut jouer le rôle de centre de réseautage, de développement et de transmission des connaissances dans la région concernée.
Un autre projet, soutenu par la Délégation de l'Union européenne au Maroc et mis en œuvre avec le partenaire FMAS, vise à qualifier les jeunes - en particulier les jeunes femmes - pour le marché du travail et à augmenter leur implication durable dans la sphère publique.
Financement : Ministère fédéral du Développement Économique et de la Coopération (BMZ), Délégation de l'Union Européenne à Rabat
Program Director : Khalid El-Kaoutit
Lieux : Casablanca, Rabat, Tanger, Khémisset, Taliouine, etc.
Partenaires : Forum des Alternatives Maroc (FMAS), 100% Mamans à Tanger,L'Association des Jeunes Avocats de Khémisset, Forum Initiatives Jeunesse à Taliouine, Association Gorara à Casablanca
Thèmes clés : Cadre politique et juridique, Participation sociale, Professionnalisme et durabilité économique du secteur des médias