Des Soudanaises réfugiées au Tchad racontent leur calvaire | Afrique | DW | 08.07.2024
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Afrique

Des Soudanaises réfugiées au Tchad racontent leur calvaire

Parmi les milliers de réfugiés soudanais installés dans l'est du Tchad pour fuir la guerre dans leur pays, de nombreuses femmes et jeunes filles ont vécu le pire.

Une soudanaise dans un camp de réfugiés au Tchad

Dans le camp de transit d'Adré à la frontière soudanaise, de nombreuses femmes ont été victimes de violences sexuelles.

Alors que la guerre civile se poursuit depuis un an au Soudan, des centaines de femmes, peut-être même des milliers, ont été victimes de viols, une pratique barbare utilisée par les militaires pour terroriser les populations. 

Sans nouvelle de ses enfants

Bintou est Soudanaise âgée d'une quarantaine d'années. Elle a fui avec ses deux enfants la ville d'el-Fasher, la capitale de la province soudanaise du Darfour Nord. Drapée dans un voile noire en signe de deuil, le visage larmoyant, elle nous raconte son calvaire : 

"Mon mari a été tué dans le Darfour, c'est comme ça que j'ai décidé de partir du Soudan pour me mettre à l'abri avec mes deux enfants. Malheureusement, nous sommes tombés entre les mains des militaires sur le chemin. Ils ont enrôlé de force dans l'armée mes deux enfants, âgés de 12 et 14 ans, tandis que moi, j'ai été soumise à des viols collectifs répétés. Les militaires me battaient à chaque fois que j'essayais de résister. J'ai passé cinq jours entre leurs mains avant d'être libérée. Ils ne m'ont pas dit ou sont mes enfants. Cela fait trois mois que je suis au Tchad, mais je n'ai aucune nouvelle de mes enfants''.

"Je servais d'objet sexuel à longueur de journée" (Rakhié, 26 ans)

Traumatisme profond

Rakhié, 26 ans, est, quant à elle, venue d'el-Geneina, la capitale de la région soudanaise du Darfour-Ouest. Capturée par des militaires alors qu'elle tentait de rallier la frontière tchadienne, elle a passé dix jours entre les mains de ses bourreaux.

"Pendant dix jours, je préparais à manger à ces militaires et je servais d'objet sexuel à longueur de journée. Après mon arrivée ici, j'ai constaté que j'étais enceinte. Heureusement que j'ai fait une fausse couche. Je suis très choquée par ce que j'ai vécu et je reste traumatisée. Je n'ai pas envie d'en parler."

Niveaux alarmants

Aucune ONG humanitaire n'est en mesure de donner des chiffres exacts sur le nombre de viols. Mais dans un rapport sur les violences basées sur le genre, publié fin 2023, le Haut-commissariat des réfugiés a indiqué que les Soudanaises étaient les premières victimes des conséquences du conflit, notamment des niveaux « alarmants » de violence sexuelle.

Beaucoup de celles qui demandent l'asile ont été victimes ou témoins de harcèlements, d'enlèvements, de viols, de cas d'exploitation sexuelle et d'autres formes de violence au cours de leur fuite.