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L'UE veut aider Brazzaville à professionnaliser sa police

14 juin 2023

Bruxelles accorde une enveloppe de cinq millions d'euros pour accompagner la République du Congo dans la réforme de ses forces de police.

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Un enfant vend des bouteilles d'eau à Brazzaville, un policier patrouille
Selon Trésor Nzila, la population a perdu toute confiance en la police congolaiseImage : Getty Images/AFP/M. Bhuiyan

C'est officiel : Brazzaville a lancé le 13 juin, un projet destiné à professionnaliser la police congolaise. Financé à hauteur de cinq millions d'euros - soit environ 3,2 milliards de francs CFA - par l'Union européenne,

A l'origine de ce programme : une affaire qui remonte à 2018. Cette année-là, au moins 13 jeunes avaient été retrouvés morts des suites de tortures dans le commissariat de police du quartier Mpila à Brazzaville. En 2020, ce sont six autres personnes qui ont trouvé la mort au commissariat central de la capitale, dans des conditions similaires.

Le projet "Police +" prévoit notamment d'accompagner l'Etat congolais dans la promotion du respect des droits humains au sein des forces de police. Et le chemin est long ... très long nous explique Trésor Nzila. Il est à la tête du Centre d'actions pour le développement, une ONG qui dénonce notamment les bavures policières.

"La probabilité est forte que ce projet échoue" (Trésor Nzila, Cad)

Retranscription de l'entretien 

Trésor Nzila : C'est une bonne initiative parce que la police congolaise est très malade et a besoin de projets qui vont contribuer à sa professionnalisation. Seulement, il y a quelques inquiétudes parce que cette police ne montre pas de signes allant dans le sens d'une volonté de changer les pratiques.

DW : Qu'est ce qui alimente exactement vos craintes ?

Trésor Nzila : Il est établi que la police congolaise n'est pas une police professionnelle. C'est une arme au service du système en place pour réprimer la population. Et donc, il y a un risque de financer une police qui excelle dans la violence, dans la barbarie. C'est ça la crainte en fait.

DW : Le projet européen, son objectif, c'est d'appuyer cette professionnalisation. Mais vous pensez de prime abord que le projet va échouer ?

Trésor Nzila : en tout cas, la probabilité est forte que ce projet échoue. Voilà. Mais si l'Union européenne peut adopter une démarche transparente, entrer dans une discussion franche avec les autorités congolaises pour exiger plus de garanties, ça pourrait avoir un effet positif sur ce projet. Mais si l'Union européenne met la diplomatie devant, sacrifie les droits humains, je pense que ce financement va être un échec. Il ne s'agit pas d'un premier financement. Les avancées n'ont pas été significatives.

DW : Est-ce que par ailleurs, l'enveloppe - 3,2 milliards de francs CFA - est-ce que ça vous paraît suffisant, au moins pour couvrir les premiers besoins de la police congolaise ? Et quels sont les besoins les plus urgents, selon vous ?

Trésor Nzila : Du fait de la corruption, nous avons une police corrompue, des commissariats qui ne répondent pas aux standards internationaux. Les détenus sont dans des situations extrêmement difficiles, les policiers ne sont pas formés. Trois milliards de francs, c'est déjà quelque chose. L'Union européenne doit se focaliser sur la pratique, sur la lutte contre l'impunité. Ce financement, à lui seul, ne suffit pas à améliorer vraiment les pratiques au sein de la force publique. Mais c'est un début. Le gouvernement congolais doit être dans une logique de continuité.