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ConflitsAllemagne

La polémique sur la livraison de chars allemands à l'Ukraine

23 janvier 2023

​​​​​​​L'Allemagne doit-elle livrer des chars Leopard à l'Ukraine? Le débat autour de cette livraison de tanks lourds fait rage. Olaf Scholz n'a pas encore annoncé sa décision.

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Le chancelier Olaf Scholz ne s'est pas encore prononcé sur la livraison de chars Leopard à l'Ukraine
Le chancelier Olaf Scholz ne s'est pas encore prononcé sur la livraison de chars Leopard à l'UkraineImage : Moritz Frankenberg/dpa/picture-alliance

L'envoi de chars Leopard à l'Ukraine par l'Allemagne divise. Les uns reprochent au gouvernement d'Olaf Scholz ses hésitations en la matière, d'autres fustigent un commerce d'armement qui ne fera qu'alimenter la guerre en Ukraine et accroître son nombre de victimes.

Stratégie interarme

Kiev veut mettre en place la stratégie du "combat interarmes" à laquelle s'est entraînée l'Otan pendant la guerre froide : à l'arrière, de l'artillerie à longue portée (obusiers), des véhicules blindés de combat d'infanterie, à partir desquels les soldats assurent la protection de leurs propres chars de combat et, donc, des chars de combats, capables de percer même une ligne de front fortement fortifiée.

Plusieurs pays occidentaux ont déjà confirmé qu'ils allaient livrer des véhicules blindés à l'Ukraine, pour le transport de soldats d'infanterie sur le champ de bataille.

Mais pour l'instant, seule la Grande-Bretagne parle de fournir le type de chars de lourds (Challenger 2) que réclament les autorités ukrainiennes.

Or ces fameux Leopard 2 allemands sont aussi des chars lourds. Ils ont pour principale fonction de repousser les formations blindées ennemies.

Allemagne: trois chars lourds Leopard 2 A7V de la Bundeswehr
Ces chars Leopard ont un caractère offensif qui pourrait changer le cours de la guerre en UkraineImage : Philipp Schulze/dpa/picture-alliance

Le char Leopard 2

Le Leopard 2, équipé d'un canon de 120mm peut attaquer des cibles mobiles ou immobiles pendant qu'il roule. Il peut aussi traverser des eaux d'une profondeur de quatre mètres avec un équipement spécial. Il a été utilisé notamment en Afghanistan pour résister aux attaques. Mais ce modèle, très lourd, pose parfois problème sur les ponts.

C'est bien le caractère offensif de ces chars qui est à l'origine du débat. L'Allemagne craint, en livrant ce type d'armement à l'Ukraine, d'être impliquée plus frontalement dans cette guerre, d'accélérer une confrontation directe entre les deux blocs, l'un pro-russe et l'autre pro-ukrainien.

Les hésitations du chancelier

En Allemagne, certains critiquent les hésitations du chancelier Olaf Scholz qui ne correspondent pas à sa volonté affichée de participer activement à la restructuration d'une Europe de la défense.

Au sein même du gouvernement allemand, les positions divergent. Le FDP (libéraux) et les Verts (écologistes) pressent Olaf Scholz de se décider rapidement sur la question, tandis que plusieurs membres de son parti, le SPD, soutiennent le chancelier et rappellent que la décision ne peut pas être prise à la légère.

Le principal groupe d'opposition, les conservateurs (CDU/CSU), espère voir se fissurer la coalition au pouvoir.

Une rue montrant des destructions à Kharkiv (20 janvier 2023)
Comment réagirait la Russie si l'Allemagne livrait des chars d'assaut à l'Ukraine?Image : Pavel Dorogoi

La Pologne prête à passer outre 

La ministre allemande de la Défense, Annalena Baerbock, a indiqué à la chaîne de télévision LCI que le gouvernement fédéral se s'opposerait pas à l'envoi de chars de combat allemands en Ukraine… par des pays tiers, comme la Pologne ou la Finlande qui l'envisagent.

En tant que pays constructeur des Leopard, l'Allemagne doit en effet donner son autorisation à la vente de ces équipements.

Les défenseurs de la livraison de chars de combat allemands à l'Ukraine craignent quant à eux que la guerre de position qui est en train de se mettre en place ne se commue en guerre d'usure, à l'avantage des troupes russes, et au prix de nombreuses victimes supplémentaires.

La Russie, elle, estime que les dissensions en Europe au sujet des chars sont le signe d'une "nervosité grandissante" au sein de l'Otan.