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L'opposition rejette la main tendue du pouvoir tchadien

Blaise Dariustone
29 juin 2023

Au Tchad, les leaders de l'opposition et de la société civile en exil rejettent l'appel à rentrer au pays du président de la transition.

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Mahamat Idriss Deby Itno en tenue militaire
Le président de la transition Mahamat Idriss Deby ItnoImage : Denis Sassou Gueipeur/AFP

En effet, lors de la réception des vœux des membres du Conseil supérieur des affaires islamiques au Tchad, à l'occasion de la fête de la Tabaski mercredi (28.06), le président de transition, Mahamat Idriss Déby, a prononcé un discours dans lequel il a notamment dit pardonner les personnes impliquées dans les manifestations du 20 octobre 2022. Il a invité ceux qui ont fui le pays à revenir pour participer à sa construction.

Il n'y a pour l'instant aucune condition posée pour ce retour des personnes qui ont choisi de quitter le pays. Mais pour les leaders de l'opposition et de la société tchadienne civile en exil, le président de la transition, Mahamat Idriss Déby, n'est pas légitime pour accorder le pardon aux victimes. Car, disent-ils, celui-ci n'est pas une autorité morale au-dessus de la justice.

"Les raisons de l'appel"

Max Loalngar, le porte-parole de Wakit Tama, un des initiateurs de la marche du 20 octobre, rejette donc cette main tendue et évoque deux raisons qui justifieraient cette déclaration de Mahamat Idriss Déby.

Selon lui : "La première raison de cet appel c'est que le président de la transition répond certainement à la sollicitation de certains partenaires du Tchad qui se désolent de l'impasse politique actuelle au Tchad. La deuxième raison est la volonté de faire une paix factice pour légitimer un processus de transition complètement biscornu et prétendre à un appui international multidimensionnel. Le président de la transition semble oublier qu'il est lui-même un acteur à part entière des événements du 20 octobre et que sa responsabilité dans la survenance des crimes odieux et la disparition des personnes ne saurait rester sous silence. Cet appel ne peut servir de cadre au retour de qui que ce soit".

Ecoutez les précisions de Blaise Dariustone

"Du cafouillage"

Selon Béral Mbaïkoubou, conseiller de la République au Conseil national de transition, le parlement de transition : "pendant des mois, on nous a dit qu'il y avait des dossiers devant la justice et que l'éclairage sera fait et puis tout d'un coup, c'est le chef de l'Etat qui dit que quoi qu'ils aient fait, ils sont pardonnés. En plus de prendre à la légère la répression menée par son gouvernement, le 20 octobre dernier, il s'immisce dans une affaire judiciaire en coupant l'herbe sous le pied de la justice. C'est du cafouillage parce que connaissant les hommes et les femmes qui nous gouvernent, qui sait si demain on ne sortira pas la même affaire pour dire que c'était simplement "en veilleuse".

Certains voient en revanche dans cette démarche une récupération politique en vue du référendum constitutionnel et des élections présidentielles à venir.

Signalons que les manifestations du 20 octobre 2022 avaient pour objectif de protester contre la prolongation de deux ans de la transition. La répression qui a eu lieu a fait officiellement 73 morts, plus de 300 selon les ONG de défense des droits humains.