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Poutine peut-il fermer le robinet du gaz à l'Europe ?

Marco Wolter | Avec agences
28 janvier 2022

Face aux menaces de sanctions, Moscou n’est pas sans ressources pour répondre car l’Europe est très dépendante du gaz russe. 

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Un régulateur allemand doit encore donner son feu vert à la mise en service de Nord Stream 2
Image : Nikolai Ryutin/Nord Stream 2

En 2014 déjà, une importante étude sur les importations énergétiques de l’Allemagneet de l’Europe alertait sur la dépendance vis-à-vis de la Russie et la possibilité que Moscou finisse par se servir de cette arme. La question est à nouveau au coeur de l'actualité avec la crainte d'une invasion russe de l'Ukraine.

Malgré cette mise en garde, ces dix dernières années, la part russe dans les importations en gaz naturel de l’Allemagne a fortement augmenté (de 40 à 55%), alors qu’un ménage sur deux se chauffe au gaz. Au niveau européen, plus d'un tiers des importations de gaz viennent de Russie.

A (re)lire également : L'Allemagne toujours contre l'option militaire en Ukraine

Alors quelles seraient les options pour l’Europe si demain, dans un scénario extrême, Vladimir Poutine venait à réduire les approvisionnements ?

Les options 

Chercher le gaz ailleurs dans le monde est certes possible, via des pipelines pour le gaz naturel ou par transport maritime pour le gaz liquide. Mais à quel prix ? mettent en garde des experts qui rappellent qu’en Allemagne par exemple, l’industrie se bat déjà avec des prix de l’énergie élevés, notamment dans des secteurs très énergivores comme la production d’aluminium, d’engrais ou encore de céramique.

Et en Europe, des pays producteurs de gaz comme la Norvège, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne ne sont actuellement pas en mesure d’augmenter leurs volumes de livraison.

Autre possibilité : puiser dans les réserves. Là les regards européens se tournent vers l’Allemagne car le pays dispose des quatriémes plus grandes capacités de stockage au monde. Reste que les réservoirs sont à plus de la moitié vides, un niveau jamais vu à cette période de l’année. 

Et, pour ne rien faciliter, parmi ces réservoirs, 10% sont exploités par des filiales de la société russe proche du Kremlin Gazprom. Et là, le niveau de remplissage serait encore plus bas, pas plus de 20% des capacités.

La Russie et l'Europe ont un intérêt partagé dans les livraisons de gaz et de pétrole
La Russie et l'Europe ont un intérêt partagé dans les livraisons de gaz et de pétroleImage : Axel Schmidt/Nord Stream 2

Scénario peu probable

Toujours est-il que ce scénario du pire et d’une Russie qui stopperait toute livraison de gaz à l’Occident semble irréaliste pour les experts du secteur en Allemagne. Certains rappellent que même pendant la guerre froide, et après l’annexion de la Crimée, Moscou a continué à respecter ses engagements. Les enjeux économiques sont aussi très importants pour le Kremlin.

Le gazoduc sous-marin Nord Stream 2, entre la Russie et l’Allemagne, et qui attend un feu vert du régulateur allemand pour être mis en service, devient aussi un moyen de pression contre Moscou, qui a dépensé des milliards dans ce projet. 

Bloquer cette mise en service est en effet une sanction envisagée dans le cas de l’Ukraine, comme l’a confirmé ce jeudi (27.01) encore la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock

Enfin, ce vendredi (28.01) les Etats-Unis et l'Union européenne ont affirmé dans une déclaration commune qu'ils travaillaient à la fourniture de "volumes additionnels de gaz naturel" pour l'Europe, afin de faire face à un éventuel contre-coup d'une invasion russe de l'Ukraine.

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Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais