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RDC : les droits de l'Homme mis à mal dans le Mai-Ndombe

Wendy Bashi
26 juin 2023

Entre juin 2022 et mars 2023, dans le territoire de Kwamouth, un conflit intercommunautaire a occasionné la mort d’au moins 300 personnes, selon Human Rights Watch.

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RDC: un homme dans les champs de la Somicongo (Photo d'illustration)
RDC: Pour les défenseurs des droits humains, le conflit entre Teke et Yaka est instrumentalisé (Photo d'illustration)Image : Jonas Gerding/DW

La dernière attaque dans la région du Mai-Ndombe remonte au mois de mai, quand au moins onze personnes ont été tuées par des miliciens Yaka, communément appelé Mobondo.

Présentés comme des membres de la communauté Yaka, les miliciens Mobondo sont accusés de prendre une part active dans lesviolences communautaires qui secouent le territoire de Kwamouth, dans le province du Mai-Ndombe.

"Le conflit actuel a été exacerbé par les hommes politiques" (Franck Citende)

Ce conflit foncier oppose, depuis juin 2022, les Teke, qui se considèrent comme originaires et propriétaires des villages situés le long du fleuve Congo, aux Yaka, venus s'installer après eux.

Un conflit ancien

Franck Citende, secrétaire exécutif du Réseau national des ONG des droits de l'homme en RDC (Rhenadoc), rappelle que le conflit entre Teke et Yaka a toujours existé et que ces querelles ont toujours été réglées de manière pacifique.

Pour lui, la tension serait entretenue par certains élus politiques qui ont des intérêts économiques dans la région. Ces personnes, qu’il ne nomme pas, auraient acheté des terres pour y développer des cultures ou des activités touristiques.

"Le conflit actuel a tout simplement été exacerbé par les hommes politiques qui veulent avoir la mainmise sur le territoire de Kwamouth. Certains hommes politiques qui sont à l’Assemblée nationale ont racheté plusieurs hectares de terres dans ce territoire et veulent exploiter ces terres. De ce fait, ils veulent que les populations qui y habitent soient déguerpies pour leur permettre de prendre le contrôle de ces terres. C’est un secret de polichinelle. Maintenant, il faudrait mettre le doigt sur le nom des personnes qui sont à la base de ce conflit et les mettre hors d’état de nuire. A notre connaissance, ces hommes politiques veulent y ériger des fermes et des sites touristiques," explique ce dernier à la Deutsche Welle.

Quid des réparations pour les familles des victimes ?

Pour le Rhenadoc, il faudrait que des enquêtes sérieuses soient menées et que les personnes qui sont derrière ce conflit soient interpellées et jugées.

Il ajoute redouter que les habitants du territoire de Kwamouth, comme dans le Nord-Kivu et en Ituri, ne puissent voter en raison de l’insécurité.

Fin avril, Rita Bola, gouverneure de la province du Mai-Ndombe, annonçait une nouvelle mission chargée du rétablissement de la paix. Mais pour Benoit Degroof Dale, chargé de la presse au diocèse de Kenge, ces différentes initiatives pour pacifier la région ont montré leurs limites.

"Cette situation de médiation n’a pas réussi parce que ceux qu’on a envoyé dans l’équipe de médiation n'étaient pas des chefs coutumiers, ce sont tous des usurpateurs du pouvoir coutumier. Voilà pourquoi la population, qui n’a besoin que de la paix, exige que justice soit faite. Pour qu’une bonne justice soit faite, il faudrait qu’on puisse dédommager les familles victimes et qu’on envoie soit une équipe gouvernementale soit une équipe de prêtres qui peuvent calmer cette situation", conseille Benoît Degroof Dale.

Début juin, le ministère de la Défense congolais a aussi mis en place une commission pour enquêter sur les crimes reprochés à certains militaires à Kwamouth dans leMai-Ndombe et à Goma, dans la province du Nord-Kivu.