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Kinshasa a "mal géré" le conflit du Mai-Ndombe

Wendy Bashi
27 juin 2023

Des élus locaux estiment que Kinshasa porte une part de responsabilité dans l'instabilité persistante de la région.

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République démocratique du Congo | Province de Masisi | Arrivée du chef de milice Mbura (Photo d'illustration)
Tout est parti d'une redevance foncière dans le conflit qui opposent les Teke aux Yaka (Photo d'illustration)Image : Mariel Müller/DW

Au courant du mois de mai, sans les nommer, les évêques catholiques ont accusé des responsables politiques congolais d'instrumentaliser un conflit communautaire qui a fait des centaines de morts, dans l'ouest du pays. Débutées dans le territoire de Kwamouth, les violences se sont répandues dans les provinces voisines de Kwilu et de Kwango jusqu'à atteindre la commune de Maluku, à l’entrée de Kinshasa. Tout est parti d'un conflit foncier entre les Teke et les Yaka

"Il s’agit d’un conflit que l'Etat a pris avec beaucoup de légèreté" (David Bisaka)

Des affrontements de longue date

Jonathan Bialosuka, qui est député national originaire de Popokabaka, dans le territoire de Kwango, rappelle que ces affrontements intercommunautaires ont commencé il y a quelques années à Yumbi, un territoire voisin de Kwamouth. Il souligne que cette tension intercommunautaire existe depuis longtemps dans cette région.

"Chez nous, en Afrique, quand des problèmes opposent deux personnes, on a recours à nos pratiques traditionnelles : le dialogue, les palabres. Il faudrait qu’on mette ensemble les deux communautés pour essayer de régler la question. Certains pensent qu’ils ne peuvent pas accepter d’autres communautés sur leur espace, qu’ils sont là depuis plus longtemps et que ce sont des Congolais, ce qui leur donne le droit de vivre là où ils veulent. Il faut qu’on trouve un terrain d’entente pour qu’il puisse y avoir une cohabitation entre les deux peuples qui du reste vivaient ensemble depuis des siècles," précise le député à la Deutsche Welle.

Conflit mal géré par l’état central ?

Depuis Kwamouth, où il est député provincial, David Bisaka ne mâche pas ses mots et pointe la responsabilité de l'Etat congolais : "Il s’agit d’un conflit mal géré, un conflit que l'Etat a pris avec beaucoup de légèreté. Quand la situation a empiré, l'Etat congolais est intervenu timidement, presque trois mois après le début des atrocités. Aujourd’hui, c’est un climat de méfiance qui fait que le conflit persiste. Un conflit mal géré ne peut que donner les fruits que l’on voit actuellement" précise le député provincial.

Jean Omasombo est professeur à l'Université de Kinshasa et chercheur à l’Africa Museum de Tervuren, en Belgique. Il a coordonné en 2019 un ouvrage sur le Mai-Ndombe et ses population : "C’est la faiblesse de l’administration. Plus on s’éloigne du centre du pouvoir, plus l’absence de l'Etat devient plus évidente et dans une forêt, s’il n’y a pas de léopard, c’est le renard qui devient le prédateur, " souligne le chercheur.

Suite au conflit entre les Teke et les Yaka, une milice a vu le jour, les "Mobondo" qui sèment la terreur dans la partie ouest de la RDC.