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Niger : des partisans de Bazoum contraints au mutisme

14 août 2023

Les soutiens du président nigérien déchu ont organisé quelques manifestations sporadiques dont certaines ont été violemment dispersées.

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Des partisans du président Bazoum déchu tenant une bandérole : nous ne voulons pas de coup d'Etat
Les manifestants réclament la libération de Mohamed BazoumImage : Sam Mednick/AP Photo/picture alliance

Près de trois semaines après le coup d'Etat militaire qui a renversé le président Mohamed Bazoum, la situation politique reste figée au Niger. Au-delà des sanctions économiques et les pressions internationales et régionales que subissent les militaires qui ont pris le pouvoir, des partisans du président déchu essaient aussi de mettre la pression sur les nouvelles autorités.

De sources concordantes, plusieurs petits groupes formés par des jeunes opposés au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, CNSP, ont été dispersés à coup de gaz lacrymogène à Niamey, Zinder et d’autres villes du Niger. 

Des manifestants pro-Bazoum tenant une photo du président déchu
Le réseau des ONG Associations pour la défense des droits de l’homme et la démocratie fait état d’au moins 54 arrestations Image : AFP

Une injustice ?

Sahanin Mahamadou, l'un des portes paroles du PNDS, l’ancien parti au pouvoir, et conseiller du président déchu Mohamed Bazoum, estime que le Niger s’enfonce dans le chaos.

"Dimanche (13.08), il y a eu effectivement des manifestations à Niamey et à l'intérieur du pays pour réclamer le retour à l'ordre constitutionnel normal parce que le pays est actuellement dans l'impasse. Le pays est actuellement en train de s'écrouler mais ce que nous avons constaté malheureusement ce sont des arrestations et à Niamey et à Zinder etc. Ils ont mis des brigades où des citoyens ordinaires fouillent d'autres citoyens mais s'ils ne font pas attention, ils risquent de provoquer une guerre civile", avertit Sahanin Mahamadou.

Alors que les mouvements de soutien aux militaires sont quasi quotidiens à Niamey et dans plusieurs régions du pays et relayées à la télévision nationale, les partisans du président déchu sont contraints au mutisme.

"Ils ont pris le président Bazoum en otage et ils veulent prendre aussi le peuple nigérien en otage. Autant ils organisent des marches de soutien, autant les autres aussi peuvent organiser les marches pour montrer qu'ils ne sont pas d'accord avec ce qui est en train de se passer", dénonce le Premier ministre déchu Oumoumoudou Mahamadou en exil à Paris.

Le dialogue pour éviter le pire

Alors que le Niger est fortement frappé par des sanctions politiques et économiques de la Cédéao qui menace le pays d'une intervention militaire, l'expert Kag Sanoussi, président de l'Institut international de gestion des conflits (IIGC) estime que l'ouverture du dialogue tant attendu doit associer l'ensemble des protagonistes de la crise car dit-il " le risque est toujours possible surtout quand les situations durent comme ça, on n’a pas un schéma très clair. Parce que quand on dit que la population soutient les militaires, il y a des gens qui sont pro Bazoum aussi. Il ne faut pas oublier que le président Bazoum vient d'un parti politique aussi."

L'expert insiste qu'"il faut éviter que les deux franges ne s'affrontent pas. D'où la nécessité d'aider les acteurs qui sont dans les négociations, dans les médiations à leur donner plus de poids pour qu'on réussisse rapidement à trouver une solution qui pourra satisfaire toutes les parties", explique Kag Sanoussi.

Kag Sanoussi, président de l'IIGC

Dans une interview exclusive que le Premier ministre nommé par les militaires, Ali Mahamane Lamine Zeine, a accordé à la DW, celui-ci estime que le Niger est en mesure de "surmonter" les défis qui se posent aux nouvelles autorités et de faire face aux sanctions imposées à la suite du coup d'Etat, même si elles représentent dit-il, "un défi injuste". 
 

Bob Barry Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@papegent