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PolitiqueNamibie

La Namibie pleure son président

Konstanze Fischer | Avec agences
5 février 2024

Hage Geingob, figure de l'indépendance, est mort dimanche d'un cancer. Il avait 82 ans et était encore en exercice.

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Hage Geingob
En janvier, la présidence avait annoncé qu'un bilan médical de routine de Hage Geingob avait révélé la présence de "cellules cancéreuses". Image : Phill Magakoe/AFP/Getty Images

Président de la Namibie depuis 2014, Hage Geingob a marqué l'histoire politique de son pays. Au micro de l'agence de presse Reuters, ces habitants de Windhoek, la capitale namibienne, lui rendent hommage : 

"Nous ne nous y attendions pas. Nous avons été pris au dépourvu", "C'est une grande perte pour la nation. C'était un président qui plaidait toujours en faveur de la cohésion, il a toujours plaidé pour que tout le monde soit inclus dans le développement du pays", "Il croyait en l'égalité, il croyait en la paix (...). Je me souviens de lui pour toutes ces grandes choses qu'il a faites et aussi pour avoir servi notre pays, l'avoir libéré. Il a joué un rôle très important dans la libération de la Namibie et de toute l'Afrique en général."

Premier ministre puis président

Né dans le nord du pays en 1941, Hage Geingob milite très tôt en faveur de la fin du régime d'apartheid de l'Afrique du Sud, qui gouverne alors le territoire namibien. Contraint à l'exil, il passe trois décennies au Botswana puis aux Etats-Unis, une période qu'il met à profit pour faire entendre la voix du mouvement de libération la Swapo et promouvoir l'indépendance de la Namibie - ce sera chose faite en 1990. Hage Geingob devient alors Premier ministre, un poste qu'il conservera pendant douze ans, un record. La Swapo, lui, est devenu le parti au pouvoir. 

Hage Geingob dirigera à nouveau le gouvernement en 2012 avant de devenir président en 2014, élu avec 87% des voix ! Il se fait réélire en 2019 avec 56% des voix : une diminution significative due à un premier mandat entaché par des accusations d'agissements malhonnêtes mais aussi une récession économique et un taux de chômage élevé.

Relations difficiles avec Berlin

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Malgré cela, le personnage reste populaire y compris chez les voisins de la Namibie. En témoignent les nombreuses voix qui ont salué sa mémoire : "éminent vétéran, vénérable panafricaniste, dirigeant visionnaire" pour ne citer que quelques unes des réactions officielles en Afrique du Sud, en Tanzanie ou encore au Burundi.

En Allemagne également, ancienne puissance coloniale, Olaf Scholz a salué un partenaire "qui s'est engagé dans le processus de résolution de l'histoire coloniale allemande avec une grande ouverture". Pourtant, récemment encore, Hage Geingob s'était opposé à Berlin qu'il accusait de défendre "des actes génocidaires et épouvantables" en référence aux agissements d'Israël dans la bande de Gaza.

La période de transition qui s'ouvre désormais pour la Namibie va être conduite par Nangolo Mbumba qui passe de vice-président à président par intérim.

Election en novembre

Âgé également de 82 ans, il a déclaré ce matin, lors de sa prestation de serment, qu'il ne briguerait pas de mandat complet lorsque celui de Hage Geingob arriverait à son terme, fin 2024 :

"Je veux remercier le peuple de Namibie de me faire l'honneur d'être leur président ... pour une période courte. Je ne serai pas là pour les élections, donc ne paniquez pas, ne racontez pas d'histoires. Je vous sers pour la période qui reste jusqu'à ce que le mandat du président Geingob prenne fin."

La prochaine élection présidentielle devrait donc se tenir, comme le veut la Constitution namibienne, en novembre prochain.