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A Kidal, le retrait de la Minusma sur fond de tension

Julien Adayé
31 octobre 2023

La mission de l'Onu a quitté son camp de Kidal dans le nord du Mali. Ce départ des troupes se déroule dans un climat de tension.

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Des soldats de la Minusma dans une ville malienne
La Minusma a quitté Kidal pour GaoImage : Nicolas Remene/Le Pictorium/MAXPPP/dpa/picture alliance

Que ce soit les groupes séparatistes, les djihadistes ou l'armée régulière malienne, tous ont un but précis : contrôler le territoire, notamment les positions que la Minusma tenait dans la région.

Une tension qui a poussé la mission onusienne à accélérer son retrait de ses bases, ce qui n'a pas manqué d'irriter la junte au pouvoir à Bamako. La rivalité entre les rebelles touaregs et le pouvoir de Bamako se cristallise notamment sur la ville de Kidal.

Un retrait et des tensions

Sur place à Kidal, Mazou Ibrahim Touré, résident de la ville et membre de la société civile, confirme le départ des forces de la Minusma. S'il dit craindre une augmentation du taux de chômage, car la mission employait beaucoup de personnes dans la région, il évoque également les tensions que ce départ engendre.

 "La Minusma est partie ce matin" assure-t-il à la DW en précisant qu'il est devant le camp de la Minusma. Selon lui "la population a envahi le camp, c'est le pillage".

Un soldat de la Minusma avec son son équipement
Le retrait de la Minusma met en exergue la rivalité entre les rebelles touaregs et le pouvoir de Bamako Image : Nicolas Remene/Le Pictorium/MAXPPP/dpa/picture alliance

Selon Mazou Ibrahim Touré "l'armée malienne voulait venir il y a des jours de cela, donc on l'attend. Pour la transition, pour maintenir le pouvoir, il faut qu'ils prennent Kidal et pour le CSP (Cadre stratégique permanent, touareg) Kidal, c'est leur fief, ils doivent le défendre. L'armée malienne ne peut pas être ici tant que ce n'est pas dans le cadre de l'accord. Et l'accord dit que c'est l'armée reconstituée qui devrait être ici. Donc ils ne peuvent pas venir par la force."

L'évacuation de Kidal est présentée depuis des semaines comme la plus sensible de toutes les opérations de retrait que la mission de l'Onu a menées depuis août. 

Des craintes d'affrontements

La ville est en effet sous le contrôle de la rébellion à dominante touareg qui a conclu un cessez-le-feu et un accord de paix avec le gouvernement de Bamako, en 2014 et 2015.

Une rébellion avec laquelle viennent de reprendre les hostilités et qui s'oppose à ce que la Minusma remette ses camps aux autorités maliennes.

Ce qui fait craindre une confrontation imminente. Ces risques d'affrontements ont fait fuir les populations, selon Inawille Ag Hamadhamade, de la société civile de Kidal.

Des membres de la rebellion touareg dans le nord du Mali
Les rebelles touaregs entendent reprendre désormais le contrôle des emprises abandonnées par la Minusma à KidalImage : SOULEYMANE AG ANARA/AFP/Getty Images

 ‘' Les populations civiles sont entre le marteau et l'enclume. Elles craignent les exactions ou les dommages collatéraux lors des combats, et la plupart des personnes sont déjà déplacées. Il y a beaucoup de déplacés qui ont quitté les axes routiers, leurs zones de pâturages pour aller se réfugier aux frontières algérienne, nigérienne, ou parfois même en Mauritanie'' explique-t-il à la DW.    

La rébellion séparatiste à dominante touareg dans le nord du Mali a d'ailleurs revendiqué mardi avoir pris le contrôle du camp, tout juste évacué par la mission de l'Onu dans la ville stratégique de Kidal.

Le Cadre stratégique permanent (CSP) "prend désormais le contrôle des emprises abandonnées par la Minusma à Kidal", a dit dans un communiqué cette alliance de groupes armés qui viennent de reprendre les armes contre l'Etat central.

Un élu local a confirmé à l'AFP, sous le couvert de l'anonymat, que les rebelles occupaient le camp.