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CatastropheLibye

Libye : la tempête Daniel a ravagé un pays déjà affaibli

13 septembre 2023

La zone ravagée de Derna est coupée du reste du monde et les survivants sont obligés de se débrouiller seuls pour récupérer les corps qui sont enterrés par dizaines dans des fosses communes.

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Des maisons et des voitures emportées par les inondations en Libye.
Alors que la Libye est enfoncée dans le chaos depuis l'intervention militaire de la France et de l'Otan en 2011, et divisée entre l'Est et l'Ouest, les autorités des camps rivaux évoquent "des milliers" de morts.Image : Esam Omran Al-Fetori/REUTERS

Des routes coupées, des éboulements de terrains et des inondations ont empêché les secours d'atteindre la ville. A Derna, ce sont des scènes d'apocalypse, mais loin des regards, estime Claudia Gazzini, spécialiste de la Libye à l’International Crisis Group.

"Il n'y a pas d'acheminement d'aide pour le moment, notamment à Derna, qui est la ville la plus durement touchée. Cela fait 48 heures que les inondations se sont produites. Et d'après les rapports sur le terrain, il n'y a toujours pas d'aide humanitaire libyenne ou internationale. Cela signifie que les gens creusent littéralement avec leurs mains", a déploré Claudia Gazzini.

La Libye, un pays affaibli

La raison principale pour laquelle l'aide n'arrive pas rapidement est principalement liée à la logistique. Une partie des routes d'accès étant détruites.

La ville côtière est donc isolée et les efforts pour y parvenir par voie maritime prennent du temps à se concrétiser. Enfin, il y a le plus gros problème : les obstacles politiques et sécuritaires.

Des habitants face à la catastrophe à Derna
La ville n'est plus accessible que par deux entrées au sud (sur sept habituellement), des pannes d'électricité généralisées et des perturbations du réseau de télécommunication y limitent les communications, selon l'OIMImage : Esam Omran Al-Fetori/Reuters

La Libye est toujours minée par des conflits armés depuis l'intervention militaire de l'Otan en 2011. Outre les obstacles géographiques et sécuritaires, le pays manque cruellement de moyens, explique Claudia Gazzini, de l’International Crisis Group. 

"Les autorités dans l'est de la Libye elles-mêmes disposent de peu de moyens, ne sont pas suffisamment organisées et ne disposent pas de véritables équipes à envoyer à Derna". Benghazi, qui est la principale ville de l'est de la Libye, est très loin. Surtout que d'autres villes de la zone ont également besoin d'aide, même si elles ne sont pas autant endommagées que Derna. Donc c'est en réalité une série d'équations à résoudre", a expliqué la chercheuse.

Défaillance des infrastructures

En plus du chaos politique, des infrastructures défaillantes ont aggravé les inondations. Ainsi, deux barrages, qui régulent le cours d’eau qui traverse la ville, n’ont pas résisté à la montée des eaux.

"L'un des barrages était plein et n'avait pas été entretenus, il a donc été soumis à une pression et a explosé. C'est à cause de ce grand barrage que le torrent s'est abattu sur nous avec une telle force. La hauteur de ce torrent est de 12 mètres. Douze mètres correspondent à la hauteur d'un bâtiment. Les gens ne pensaient pas que le barrage s'effondrerait", a fait savoir un habitant de Derna.

Des torrents puissants ont ainsi détruit les ponts et emporté des quartiers entiers avec leurs habitants de part et d'autre de l'oued, avant de se déverser dans la mer.

Au moins 30.000 personnes ont été déplacées à Derna, d'après l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), après les inondations dévastatrices provoquées par la tempête Daniel.

Les inondations ont fait 3.000 morts, selon les premiers bilans, mais le nombre de décès pourrait atteindre 10.000 d'après les autorités locales et les humanitaires.