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Le Liberia écrit une nouvelle page de son histoire

Wendy Bashi
20 novembre 2023

"C'est le temps de l'élégance dans la défaite" : George Weah a reconnu sa défaite à l'élection présidentielle du Liberia et félicité l'opposant Joseph Boakai.

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Libéria | L'ancien vice-président Joseph Boakai (Photo d'illustration)
Cette élection était la première organisée sans la présence de la mission des Nations unies au LiberiaImage : Carielle Doe/REUTERS

Les résultats publiés par la commission électorale, représentant 99,98% des bureaux de vote, donnaient 50,64% des scrutins à Joseph Boakai et 49,36% à George Weah.

"C'est la normalité de l'exercice démocratique que de reconnaître sa défaite" (Jean Claude Mputu)

La décision du président Georges Weah de reconnaître sa défaite, avant même l'annonce officielle des résultats, est à saluer, souligne Patrick Mboyo Bakambo, chercheur en sciences politiques à l'Université Paris-Sarclay.

"En Afrique, il y a un dicton qui dit qu'on ne peut pas organiser les élections pour les perdre," explique M. Mboyo Bakambo. "Le président Georges Weah vient de montrer qu'un président de la République en fonction, cherchant à briguer un nouveau mandat, peut organiser une élection et la perdre, reconnaître sa défaite avec dignité et ainsi laisser prospérer le pays."

Une "banalité de l'exercice démocratique"

Le politologue congolais Jean-Claude Mputu souligne que ce qui s'est passé au Liberia démontre que les peuples africains ne veulent plus de promesses inutiles. Ils tiennent à ce que ceux qui sont élus fassent leur travail

"Monsieur Weah a reconnu sa défaite, ce qui est une bonne chose. En revanche, il y a quelque chose de dérangeant, c'est de voir toutes ces félicitations, comme si ce que monsieur Weah avait fait était quelque chose d'extraordinaire, alors que c'est la normalité, je dirais même la banalité de l'exercice démocratique que de reconnaître sa défaite et de féliciter le vainqueur."

Joseph Bouakai va diriger le Liberia pendant six ans

Il est utile de rappeler que le vainqueur de cette élection n'est pas inconnu de la politique au Liberia. En effet, de 2006 à 2018, Joseph Boakai fut le vice-président d'Ellen Johnson Sirleaf.

Celui-ci a occupé de nombreux postes au sein de l'Etat ou du secteur privé. Et si certains rappellent son âge avancé, 78 ans, Gilles Yabi, fondateur du think tank Wathi, rappelle que les électeurs libériens, en grande majorité des jeunes, sont conscients de l'âge de Joseph Boakai. Mais ils auraient préféré l'expérience politique à l’image de Georges Weah, star mondiale du football, dont le mandat a déçu les Libériens.

"Il y avait une sorte d'enthousiasme particulier par rapport à Georges Weah, mais pas vraiment une évaluation de sa capacité à être président et ce que cela implique de connaissances des arcanes politiques, des connaissances de l'économie, des capacités à faire progresser un pays très fragilisé après la guerre civile, avec encore une entreprise de reconstruction économique, politique et sociale très importante".

Joseph Boakai va diriger le Liberia pour un mandat de six ans. Il a promis de développer les infrastructures, d'attirer les investisseurs et les touristes, et d'améliorer les conditions de vie des plus pauvres, dans un pays où plus d'un cinquième de la population vit avec moins de 2,15 dollars par jour, selon la Banque mondiale.