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HistoireGuinée

Il y a 40 ans, le premier coup d'Etat militaire en Guinée

3 avril 2024

Le 3 avril 1984, Lansana Conté prenait le pouvoir par les armes peu après le décès de Ahmed Sékou Touré aux Etats Unis.

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Gros plan de l'ancien président Lansana Conté
Lansana Conté a dirigé la Guinée pendant 24 ans Image : picture-alliance/dpa

Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau chef de l'État dénonce le régime de Sékou Touré et s'engage à établir un régime démocratique. Lansana Conté "instaure le multipartisme au début des années 90" rappelle le journaliste, éditorialiste Mamadou Dian Baldé.

Il libère des prisonniers politiques et encourage le retour des Guinéens en exil. Avec lui, la Guinée devient "fréquentable aux yeux des organisations des droits de l'homme. Dès que les militaires ont pris le pouvoir, ils ont libéré les détenus qui étaient au camp Boiro, qui a symbolisé, disons, la dictature de Sékou Touré. Ensuite, il y a eu cette ouverture, il y a eu les libertés fondamentales qui ont été instaurés. Le Guinéen pouvait voyager, aller où ils voulaient, ils pouvaient aussi s'exprimer. C’est Lansana Conté aussi qui libéralisera les ondes en Guinée. Donc il est le père de la démocratie on ne peut pas lui dénier cela", insiste le journaliste. 

Image de jeunes manifestants
En 2006, alors que la vie devient chère, les nombreuses grèves générales et leurs sanglantes répressions, affaiblissent le président guinéen.Image : CELLOU BINANI/AFP

Conté se radicalise pour rester au pouvoir

Lansana Conté lance également de nombreuses réformes sur le plan économique notamment la privatisation de nombreuses entreprises publiques, la réduction des dépenses du gouvernement et la promotion des investissements étrangers. Des reformes qui marchent. Le seul problème, il ne veut pas quitter le pouvoir explique Mamadou Dian Baldé.

"Il a passé lui aussi plus de 20 ans au pouvoir et la démocratie était un peu une démocratie disons hybride, parce que c’étaient toujours des élections truquées. Et c’est lui qui emportait toutes les élections. En 2001, il a modifié la constitution pour un troisième mandat."

Sous le régime de Lansana Conté, la corruption gangrène le pays. "Quand ils sont venus, ils ont promis aux Guinéens le changement concernant la corruption, mais malgré ça même ils se sont embourgeoisés. On a vu ce que cela a donné aussi avec leur famille tous les ministres et autres préfets avaient accès à des mannes financières", ajoute Mamadou Dian Baldé. 

Mamady Doumbouya accompagné des gardes du corps
Le Premier ministre Oury Bah a reconnu qu'il ne pourrait pas y avoir d'élections en 2024.Image : John Wessels/AFP

Mamady Doumbouya sur les traces de Lansana Conté ?

Pour s’accrocher au pouvoir, Lansana Conté renoue peu à peu avec les pratiques autoritaires de Sékou Touré, en arrêtant les opposants et réprimant dans le sang toutes manifestations. Des faits qui se reproduisent avec la transition en cours conduite par le général Mamady Doumbouya fait remarquer Ibrahima Balaya Diallo, président du Forum civil Guinéen.

"Aujourd'hui même, Mamady Doumbouya veut appliquer la jurisprudence de Lansana Conté. C’est-à-dire aujourd'hui il use de dilatoire pour essayer de durer au pouvoir en repoussant toujours les choses. Clairement il n’y aura pas d’élections en 2024. La radicalisation de ce régime elle est effective, on a vu comment ils ont fermé les médias, ils ont fait taire la société civile, ils ont exilé les principaux acteurs sociopolitiques, tout cela ne présage rien de bon."

Lansana Conté meurt en décembre 2008 des suites d’une longue maladie. Quelques heures après sa mort, un groupe d’officiers se présentant sous le nom de Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) dirigé par un certain Moussa Dadis Camara, prend le pouvoir.

 

Nafissa Amadou Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique