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Qui est le groupe terroriste derrière l'attentat en Russie ?

Hugo Flotat-Talon | Avec agences
25 mars 2024

L'Etat islamique au Khorasan a revendiqué l'attentat qui a fait au moins 137 morts au Crocus City Hall. Peu connu, le groupe est pourtant très actif, jusqu'en Europe.

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Un policier se tient devant le Crocus City Hall, en feu, après l'attentat vendredi 22 mars 2024
Les terroristes ont tiré sur des spectacteur d'un concert et mis le feu au bâtimentImage : Mikhail Tereshchenko/TASS/dpa/picture alliance

En Russie, l'enquête se poursuit  après l'attentat contre une salle de spectacle vendredi dernier (22.03). Au moins 137 personnes sont mortes, abattues par des terroristes qui sont entrés dans le bâtiment et ont visé des civils avec des armes automatiques. Ils ont ensuite mis le feu au Crocus City Hall, le lieu de l'attaque. Depuis, les autorités russes disent avoir avoir arrêté onze personnes et quatre individus, les assaillants présumés, ont été placés en détention provisoire dans la nuit de dimanche (24.03) à lundi.

Un groupe existant depuis dix ans

Vendredi, très vite, l'attentat a été revendiqué par l'organisation Etat islamique au Khorasan. Cette branche de l'Etat islamique n'est pas la plus connue du groupe. Mais elle est pourtant très active, la plus meurtrière de l'organisation. Son nom se rapporte au nom médiéval de l'Afghanistan qui englobait alors une partie du Turkménistan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan.

Le groupe est connu depuis son apparition pour la première fois en Afghanistan il y a dix ans, en 2014, fondé par des anciens talibans et membres d'Al-Qaida. Un groupe puissant. "Il compte plusieurs milliers de combattants", raconte à l'agence Reuters, Dan Bymen, chercheur au Centre d'études stratégiques et internationales à Washington. "On pensait qu départ qu'il s'agissait d'un groupe de guérilla qui menait des attaques terroristes occasionnelles, mais qui se concentrait principalement sur l'Afghanistan. Et puis il y a eu des attaques au Pakistan et une attaque de grande envergure en Iran", détaille-t-il encore, faisant référence à l'attentat, en janvier dernier, qui a couté la vie à plus de 90 personnes à Kerman.

Dans un couloir de tribunal, des policiers cagoulés tiennent un homme par les bras, suspecté d'être l'un des auteurs de l'attentat terroriste meurtrier contre le Crocus City Hall
Les quatre assaillants présumés ont été placés en détention provisoire pour deux moisImage : Sefa Karacan/Anadolu/picture alliance

L'Europe en ligne de mire

Dans le viseur du groupe aujourd'hui aussi, il y a donc aussi l'Europe. A quelques mois des Jeux Olympiques à Paris, la France vient d'ailleurs, après l'attentat de Moscou, de relever son niveau d'alerte terroriste au plus haut. Justification de Paris : des attentats du groupe Etat islamique au Khorassan ont déjà été déjoués en France et en Allemagne aussi. Pas plus tard que la semaine dernière, la Police allemande avait arrêté deux hommes membres de l'organisation, qui projetaient, depuis l'Allemagne, un attentat en Suède.

Vendredi dernier, c'est donc la Russie qui a été touchée. "La Russie est un ennemi de longue date de la communauté djihadiste au sens large, si l'on remonte à la lutte contre l'Union soviétique en Afghanistan, bien sûr", décrypte Dan Bymen. "Dans les années 1990, la Tchétchénie était probablement le premier foyer de djihad dans le monde. La Russie a aussi soutenu la Syrie pendant la guerre civile, face notamment à l'État islamique."

Ennemi des talibans afghans

Une voiture de police au milieu d'une foule, lors de l'attentat de Kerman, en Iran, en janvier 2024
Le 3 janvier dernier, au moins 91 personnes ont été tuées dans un attentat perpétré à Kerman en IranImage : IRAN PRESS/AFP

Le groupe désigné aussi parfois sous le sigle EI-K dans le monde francophone est aussi un ennemi des talibans en Afghanistan, d'où la multiplication des attentats sur place. En 2021, le groupe Etat islamique au Khorassan avait même tué Hamdullah Mokhlis, le chef de la sécurité des talibans à Kaboul.

Ce lundi le Kremlin refuse de commenter la revendication du groupe dans l'attentat à Moscou le 22 mars. "L'enquête est en cours et l'administration présidentielle aurait tort de faire des commentaires sur le déroulement de l'enquête", a dit le porte-parole de Vladimir Poutine. Les recherches dans les décombres du bâtiment où a eu lieu l'attentat se poursuivaient ce lundi.